En 1960, le château qui appartient depuis 40 ans à la famille du Dr DAMON, possède encore la totalité de ses charpentes et couvertures. Elles sont en mauvais état par manque de moyens financiers. Mlle Damon laisse les choses se dégrader, de plus en plus vite à mesure que les années passent dans l'inertie. La Drac lui a envoyé plusieurs lettres d'injonction de travaux mais sans succès : l'Etat n'a pas les moyens de sauver un édifice de cette importance contre la volonté des ses propriétaires privés. Laxion rime avec l'inaction.

Enfin, le château est vendu en 1963 à un Hollandais qui crée une SCI. Il se dit architecte ; libre penseur, il se fait aussi appeler marquis et promet beaucoup. Laxion est-il sauvé ?

C'est qu'il se croit la réincarnation d'Alexandre le Grand, et se dit l'héritier, lointain mais en ligne directe, du premier fils, supposé, du premier lit de Marguerite de Calvimont (veuve de Gaston de la Romagière et seconde épouse en 1574 d'Antoine de Chapt de Rastignac, par qui la terre de Laxion est venue aux Chapt de Rastignac).
Selon lui, ce fils qu'il appelle "Victor", huguenot, serait allé rejoindre Guillaume d'Orange et le parti protestant en Hollande, avant, affirme-t-il, de revenir occire Antoine de Chapt de Rastignac en 1579, beau-père indigne qui l'avait (affirme-t-il toujours) spolié de ses biens... et qui avait, frauduleusement, fait disparaître les archives propres à démontrer l'existence du "comte Victor de Laxion", le "conte" de Laxion, façon Grimm...



Malheureusement, cette fois, parmi d'autres maux qu'il serait cruel d'écrire, l'utopie rejoint l'incurie, l'incompétence l'indigence. Tout au fond de la boîte de Pandore se trouvait, dit-on, l'espérance. Mais il faudra 45 ans, de plus, pour finir de vider la boîte maudite sur Laxion.

De 1963 à 1998, 2 poivrières tomberont. Une troisième sera arrachée au tracteur, avec une bonne partie du parapet du chemin de ronde, pour faire l'économie d'une restauration. La quatrième et dernière tour ronde, que l'on voit encore sur ces photos, ainsi qu'une partie de l'aile Est seront incendiées en 1998 par le propriétaire : il avait laissé une bassine pleine de fioul allumé sous la charpente pendant la nuit, pour chasser les frelons.

L'aménagement intérieur est fait en dépit du bon sens. Les évacuations d'eau pluviales ainsi que les sanitaires arrivent au beau milieu des tours. Pour l'electricité, point de boîtes de dérivations ou de dominos, des rubans adhésifs isolent les fils sous les tapis, le long des murs, jusque dans la cabine de douche... Des bâches dans le greniers retardent un peu l'eau dans sa descente vers les niveaux inférieurs... L'isolation des greniers est faite d'un empilage de bouteilles en verre... puisque la laine de verre est isolante.


Le propriétaire hollandais meurt en 2003, mais la succession est complexe et le château est laissé à l'abandon pendant 5 ans. Alors que le processus de vente est enfin enclenché après des années d'obstination, un incendie survient dans la nuit du 9 au 10 janvier 2008. Celui-ci ravage la partie "habitable". La moitié de l'aile Ouest ainsi qu'une partie de l'aile Nord sont détruites ; seuls subsistent des murs dont les parements et pierres d'encadrement intérieurs sont éclatés par la chaleur, calcifiés. D'assurance, point. Bien des habitants de Corgnac pleurent "leur" château, comme on apprend soudain le décès d'un membre de la famille, parti au loin depuis longtemps, qui ne donnait plus de nouvelles, et qu'on savait encore en vie.

Juillet 2008: ensemble, montrons que ce lieu remarquable mérite de revivre!