2010
Distants de 2 siècles, et 10 lieues (40 kms), les châteaux de LAXION et de RASTIGNAC résument ensemble l’œuvre architecturale propre d’une grande famille du Périgord, qui en a possédé tant d’autres, mais sans les construire (PUYGUILHEM, La GRANDE FILOLIE, COULLONGES, FIRBEIX, GAUBERT, RIBERAC, la GERMANIE, NANTHEUIL, SAINT JORY Las BLOUX, MARQUEYSSAC, etc.). Tous 2 ont été incendiés. Et s’efforcent d’y survivre.
Château de Puyguilhem
1810
Le dernier des RASTIGNAC était homme politique, et rêvait d’un destin ; fait Pair de France sous la Restauration, il inspira à BALZAC son personnage de l’arriviste, dont on tirait encore en 2010 film et livre (le jeune homme ambitieux, dont les aventures romanesques débutent dans le Père Goriot et se poursuivent dans un nombre considérable de romans, n’est-il pas aujourd’hui encore, l’un des plus connus de la Comédie humaine?).
Cet ultime RASTIGNAC par le sang tenta bien d’interdire l’usage de son nom au romancier : peu coutumier de tels emprunts, BALZAC imagina brièvement, ce dit-on, qu’Eugène devînt CHASTIGNAC. Mais RASTIGNAC il demeurât, au grand dam de celui qui se nommait CHAPT (prononcer « chat ») de RASTIGNAC.
Et c’est ainsi, par orgueils réciproques, qu’un héritier du nom fut donné pour les siècles au dernier des RASTIGNAC, au pair de France, qui n’avait été père d’aucun fils.
C’est lui qui remplaça le château féodal des Chapt de RASTIGNAC par une villa palladienne étonnante, en laquelle on a soutenu que l’architecte de la « Maison Blanche » de Washington avait trouvé modèle.
Château de la Bachellerie
Et comme un roman noir, ne livrant le dénouement de l’intrigue qu’à la dernière page - une page que BALZAC n’a pas écrite - le château de RASTIGNAC laisse encore planer le mystère sur le devenir de la splendide collection Bernheim-Jeune de 33 toiles des plus grands maîtres (Van Gogh, Monet, Van Dongen, Renoir, Toulouse Lautrec, Cézanne, Matisse, Vuillard, Redon, Bonnard, Sisley et Morisot), qu’il abritait lorsqu’il fut dépouillé et incendié en 1944 …
Lien
Ultime marquis de Rastignac, issu d’une longue lignée de sires CHA(P)T dont les origines limousines remontaient au IXème siècle, selon d’Hozier, il était aussi le dernier descendant en nom des bâtisseurs de LAXION :
Peyrot de Chapt de RASTIGNAC
et
Marguerite de Chapt de RASTIGNAC de LAXION
cousins germains, mariés à la suite du duel homicide du 1er janvier 1597
1610
Voilà que s’achève le château de LAXION ; et la boucle temporelle se ferme à rebours, par bonds de 2 siècles : CHAPT & BEAUTE unissant RASTIGNAC et LAXION.
Modernisme (palladien) néo-classique du parti architectural de RASTIGNAC, contre archaïsme (médiéval) néo-gothique de LAXION ?
Soyez juge pour RASTIGNAC. Nous allons le laisser là.
LAXION, pour sa part, qui va maintenant nous retenir tout entier, est empli de sens architectural :
ni copie, ni pastiche, ni néo ni archéo, mais manifeste raisonné de son époque. Résolvant avec intelligence l’équation permanente du château faite depuis l’origine d’arbitrage entre les 3 fonctions qui lui sont consubstantielles,
DEFENSE, RESIDENCE, OSTENTATION.